Un millier de personnes dans la rue pour le salaire et le pouvoir d’achat, à Brest
Ce n’est pas le raz de marée annoncé. Néanmoins, hier, vers 11 h 30, quand le cortège s’est élancé de la place de la Liberté vers la rue Jean-Jaurès, les rangs des manifestants sont fournis et étoffés. Selon notre comptage, un millier de personnes ont défilé pour des hausses de salaires (et retraites) et la défense de leur pouvoir d’achat, à l’appel des syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires.
Dans le cortège, des salariés de Thales qui demandent une plus juste répartition entre les salariés et les actionnaires : « En 2019, 99,8 % du résultat net de Thales a été reversé aux actionnaires ! Nous ne pouvons pas accepter des miettes quand d’autres se voient attribuer des actions gratuites ou le versement de dividendes ! » A Naval group, des salariés manifestent pour une hausse des salaires et « un 13e mois ».
Des personnels civils du ministère de la Défense revendiquent le « déblocage des gels d’indice, bloqués depuis douze ans ».
Dans les crèches privées, ça grogne aussi
Il n’y a pas que des salariés de grands groupes dans le cortège. Une petite dizaine de femmes qui travaillent dans des crèches privées manifestent, pour la plupart, pour la première fois. « J’ai un diplôme d’auxiliaire de puériculture et pourtant, je gagne à peine 1 310 € par mois pour 35 heures par semaine, à peine plus que le Smic ! » déplore l’une d’elles.
Sa collègue déplore un salaire qui n’augmente pas. « Pourtant, on nous en demande toujours plus ! » C’est le cas avec le covid et son protocole sanitaire, mais aussi les collègues malades ou absentes qu’il faut remplacer au pied levé. « On s’occupe des enfants, mais on fait aussi le ménage, bientôt la cuisine ! »
Jeudi 27 janvier 2022, dans la manifestation pour le salaire et le pouvoir d’achat, beaucoup de jeunes, lycéens et étudiants, qui dénoncent un système éducatif devenu élitiste avec Parcoursup.
Les professionnels de l’Éducation nationale sont moins nombreux que le 13 janvier qui a réuni 1 500 personnes à Brest. Néanmoins, ce jeudi, ils restent très présents, avec aussi, beaucoup de lycéens et des étudiants.
« Juste une vie décente »
Le ministre Jean-Michel Blanquer est « à l’honneur » sur de nombreuses pancartes ironiques. Ses vacances à Ibiza n’ont pas amélioré son image.
Anne et Élisabeth, enseignantes en école de l’éducation prioritaire, s’indignent du « sabotage de l’enseignement public depuis cinq ans » et « des conditions de travail dégradées avec trop d’élèves par classe ».
Des lycéens, comme Eliott, en 1re, déplorent Parcoursup, « qui instaure un classement des élèves et crée un système élitiste et concurrentiel ». Célia, Melvin et Clémence, étudiants en classes préparatoires aux grandes écoles, s’indignent du manque de places dans les masters, signe d’un « manque de moyens » dans l’enseignement supérieur.
Margot, étudiante en 3e année de LEA à l’UBO, s’inquiète d’une éventuelle hausse des frais d’inscriptions à l’université.
Sarah et Erwan, AESH, qui accompagnent les enfants handicapés dans les écoles, déplorent leurs conditions de travail précaires malgré leur CDI : « des temps partiels imposés et un salaire de misère ». Soit 760 € par mois. « Ça ne permet pas de vivre ! » Ils doivent parfois travailler encore le soir ou le week-end pour améliorer les fins de mois.
« On veut juste avoir une vie décente. »
Laurence Guilmo
Publié sur ouest-france.fr, le 27/01/2022 à 14h26