AESH : 5 avril 2022 audience intersyndicale à Quimper
Le compte-rendu CGT Éduc’action 29
Représentant·es de la DASEN :
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Pour l’intersyndicale CGT Éduc’action, CGT-Enseignement privé, SNES-FSU, SNUIPP-FSU, SUD éducation, SUNDEP, CNT, FNEC-FP FO :
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(En italique, nos commentaires CGT a posteriori.)
Avant le début de l’audience, Mme Baggio nous explique qu’il y a un détecteur de CO2 dans la pièce et que s’il sonne il faudra qu’on aère plus (les fenêtres sont déjà entrouvertes). Nous sautons sur l’occasion pour demander quand nous aurons nous aussi des détecteurs dans les salles de classes. Réponse : bientôt, mais il y a déjà beaucoup d’équipement en place : dans les écoles 39% des classes équipées, dans les collèges : 70% et dans les lycées : 7%. L’équipement est à la charge des collectivités territoriales (pour le public, à la charge des établissements eux-mêmes pour le privé).
À noter que pendant toute l’audience, Mme Baggio et M. Brault n’ont eu de cesse d’encenser l’école inclusive, le Finistère, les AESH et nous les syndicats.
À quand un CDEN spécial handicap ?
Nous avions fait une demande d’audience à la fois à la DASEN, au préfet et au président du Conseil départemental. En effet, depuis longtemps nous demandons la tenue d’un CDEN spécial handicap et ces trois personnes en sont les co-président·es. Nous commençons donc par déplorer l’absence de réponse à notre demande d’audience de la part de la préfecture et du conseil départemental (qui pourtant considère le handicap comme une cause importante cf. Penn Ar Bed n°163 avril 2022 : Handicap : la priorité du département). Nous réitérons notre demande de la tenue d’un CDEN spécial handicap annuel.
Mme Baggio nous répond que la DASEN a tout de suite souhaité que nous soyons reçues (elle n’est pas présente elle-même). Pour elle, il est normal que nous soyons reçues à la DSDEN, et pas par la préfecture ou le conseil départemental, car c’est elle qui nous gère.
Après un beau discours « Le Finistère est porteur de l’école inclusive. », Mme Baggio avance que pour le CDEN, ce n’est pas le Finistère qui peut décider seul de sa tenue s’il n’y a pas de décision académique voire nationale car cela relève d’une institution de cet organisme*.
Nous voulons des chiffres !
Nous réclamons des chiffres annuels (même si ce n’est pas dans le cadre d’un CDEN), qui seraient diffusés à l’automne par exemple.
M. Brault nous dit qu’il est en accord avec nous (nous n’avons pourtant pas encore parlé de nos revendications) : nous militons tous pour une école inclusive de qualité. Il a remarqué également un contraste, un décalage important entre les moyens dont ils disposent et la réalité de terrain.
En effet, il nous annonce environ 3700 élèves (ou alors moins de 4000) pour environ 2200 AESH soit un taux d’accompagnement théorique parmi les plus confortables de France (1,7 à 2 élèves/AESH).
Mais sur le terrain, il voit que la réalité est différente. Et pourtant les 2200 AESH sont là. Au plus fort de la crise sanitaire, il y avait en moyenne 160 AESH en arrêt par jour. Mais 160 sur 2200 n’expliquent pas la dégradation du taux d’accompagnement. Probablement pour une petite partie cela est dû au fait qu’on demande à certain·es AESH de suivre des élèves non notifié·es. M. Brault explique en effet que lorsqu’il assiste au CDAPH tous les 15 jours, il découvre des élèves qui sont suivi·es sans être notifié·es (des parents qui justifient que leur enfant a besoin d’accompagnement en expliquant qu’iel est déjà suivi·e). Mais selon lui cela n’explique pas non plus en totalité la différence observée.
Une lettre de l’école inclusive ?
Une des missions de M. Innocenti et M. Brault lors de leur prise de poste en septembre 2021 était de bâtir un tableau de bord de l’école inclusive (données chiffrées qui puissent être partagées). Ces chiffres ont fait l’objet d’une lettre spéciale de l’École inclusive, la lettre n°4, envoyée dans tous les établissements du Finistère en février.
Nous apprenons donc l’existence de 4 lettres de l’école inclusive qui auraient toutes dues être transférées aux équipes éducatives, AESH compris·es. Aucune des représentantes syndicales présentes ne les ont reçues.
Problèmes de transmission d’informations
Toutes les personnes présentes notent donc que la diffusion des informations ne se fait pas et qu’il faudrait trouver une solution pour améliorer la communication. De même, il y a un guide des PIAL qui a été diffusé à l’ensemble des établissements et qui est sur Toutatice (d’abord mal placé à un endroit où les AESH n’avaient pas accès). Encore une fois non transmis.
Le canal des établissements n’est apparemment pas le bon donc peut-être ajouter des canaux supplémentaires ? Iels nous assurent ne pas avoir de volonté d’être opaques. Iels nous demandent notre avis sur comment iels pourraient faire pour que l’info passe, qu’on réfléchisse ensemble au problème (mais on n’y réfléchira pas aujourd’hui).
Nous rebondissons sur le sujet car ce n’est pas la seule information qui ne nous est pas transmises. Par exemple, pour les formations académiques, l’information arrive souvent au dernier moment voire trop tard (et nous réitérons au passage notre remarque sur la difficulté de s’inscrire aux modules sur iPaf, Gaia que nous avions déjà évoqué en octobre cf. CR octobre). Nous indiquons qu’une formation initiale au numérique serait importante (pronote, toutatice, etc.).
Mme Baggio précise que notre besoin d’information et de formation est légitime.
AESH référent·es
Iels feront attention cette année à la campagne de recrutement des AESH référent·es. Il y aura un nouvel appel. Iels demanderont d’abord si les AESH référent·es déjà en poste souhaitent continuer. Pour la transmission de cette campagne, encore une fois les établissements ne semblent pas avoir transmis l’information qu’ils avaient reçue. L’envoi un peu plus tard sur les boîtes académiques a permis d’atteindre plus de personnes (mais de trop nombreux·ses AESH ne consultent pas leur boîte mail académique). C’était plus simple pour elleux de passer par les établissements car les AESH n’ont pas le réflexe de consulter leur boîte mail académique. Iels vont réfléchir à un canal de diffusion supplémentaire.
Nous rappelons que ce poste a été présenté comme une évolution de carrière mais que le dédommagement est trop faible au vu des missions. Il n’est donc pas étonnant qu’iels aient du mal à trouver des volontaires. Nous rappelons que nous sommes opposé·es ce poste d’AESH référent·e.
Souffrance au travail ? Changez de métier !
Nous avons évoqué la souffrance que certain·es collègues pouvaient ressentir quand iels ne sont pas formé·es et se demandent s’iels font bien leur travail. Iels se remettent en question, ont l’impression de stagner car iels n’ont pas de formations qualifiantes qui leur permettrait d’évoluer dans leur accompagnement. De plus, le manque de reconnaissance pèse de plus en plus sur le moral et les motivations des AESH. Nous insistons sur la reconnaissance et le bien-être des AESH pour un accompagnement de qualité.
Mme Baggio s’énerve en disant que s’il y a souffrance au travail, il faut changer de métier (et non pas améliorer les conditions de travail apparemment). « Le travail doit être un facteur d’épanouissement, pas de souffrance ». Elle nous conseille de voir le métier d’AESH comme un tremplin, une partie de notre parcours de vie. Elle prend son propre parcours en exemple (elle a passé des concours pour devenir fonctionnaire catégorie A, elle).
Nous sommes choquées par ce discours. Nous retorquons que ce que nous voulons c’est au contraire d’en faire un vrai métier dans lequel nous puissions nous épanouir.
On nous répond qu’on va nous aider au niveau départemental pour la formation pour nous accompagner sur des concours (encore une fois : changez de métier) en attendant que peut-être le statut évolue, mais cela ce n’est pas de leur ressort (et iels le feront remonter).
Intermède pro-PIAL de M. Brault
Quelques-unes de nos revendications
Après le beau discours pro-PIAL, nous posons des revendications. Nous demandons un concours pour être reconnu·es et mieux payé·es. Nous relevons la maltraitance des emplois du temps à trous qui nous font travailler sur de grandes plages horaires pour un salaire de misère et nous empêche d’avoir un deuxième emploi. Nous appuyons l’importance d’être formé·es pour bien faire notre travail. Nous donnons pour exemple les transferts lorsque l’élève est en fauteuil roulant et doit être mis sur le siège de toilettes ou sur une chaise de classe. Nous ne sommes pas formé·es à ce geste contrairement aux personnels du médico-social et cela peut avoir un impact sur notre santé.
Périscolaire et diminution de quotité
Nous demandons si les AESH en PIAL inter-degré vont voir leur quotité diminuer à 62% comme c’est le cas pour les AESH en PIAL premier degré du fait de l’impossibilité de travailler sur le temps périscolaire sous statut Éducation nationale.
Mme Baggio nous dit que la DASEN a bataillé pour faciliter la transition du passage d’autorité de l’Education nationale aux mairies : la mise en place devait être effective en janvier mais finalement l’échéance est reportée au 31 août. Pas de diminution de manière automatique. Un courrier va être envoyé aux AESH travaillant dans le premier degré (comprendre que les AESH en PIAL interdegré mais travaillant dans le second degré ne devraient pas être impacté·es par cette mesure).
Deux questions sont posées sur ce courrier :
> S’il y a (ou s’il y aura) un contrat de signé avec la mairie
> Si l’AESH souhaite rester dans le Premier degré (et donc diminution de la quotité horaire à 62%) ou aller dans le Second degré. Cela en sachant qu’il n’y aura pas forcément assez de place pour tout le monde dans le Second degré.
M. Brault nous dit qu’iels demandent l’avis des AESH car iels ne souhaiteraient pas dégrader des situations qui pourraient déjà être fragiles en diminuant la quotité horaire.
Nous leur annonçons que certain·es AESH ont déjà reçu le mail. Nous précisons que le courrier n’est pas clair quant au fait que rester dans le premier degré diminue automatiquement la quotité de travail.
Le 7 avril, les coordonnateur·ices PIAL et AESH référent·es seront en réunion. Iels seront donc prévenu·es que les AESH pourraient avoir besoin de précisions concernant ce courrier.
Nous appuyons sur le fait que le nouveau système pour le périscolaire a été présenté comme une opportunité de faire plus d’heures. Sur le terrain, les mairies ne font pas toutes de la même façon. Certaines mairies font travailler directement leur personnel de mairie et n’embauchent donc pas d’AESH.
Périscolaire et pause méridienne
Sur le sujet du travail périscolaire encore, nous soulevons le problème des pauses méridiennes pour les AESH. En effet dans de nombreux cas, les deux employeurs se renvoient la balle de la pause obligatoire de 20 minutes. Nous demandons que soit fixée une règle sur ce temps de pause obligatoire qui est inscrit dans le code du travail.
L’administration nous demande des noms de mairies qui font cela (nous répondons qu’il y a de nombreux retours). En particulier, iels veulent que nous leur fassions remonter les noms des communes où les cas sont les plus concentrés et iels rencontreront alors les mairies (Devons-nous comprendre : « si vous êtes dans une petite commune avec peu d’AESH en périscolaire, il ne se passera rien » ?). M. Innocenti se concerte déjà avec les mairies. L’administration ne souhaite pas imposer de règle fixe car chaque cas est particulier. Il sera difficile d’imposer un même cadre à toutes les communes du département.
L’administration nous demande de lui faire remonter comment les AESH travaillant sur le temps périscolaire encore sous statut Éducation nationale organisent leur temps de travail et comment leur pause méridienne est organisée. Iels n’auront alors qu’à transposer au nouvel employeur.
> l’administration nous demande donc de faire son travail ! Est-ce aux syndicats de leur expliquer comment travaillent leurs employé·es ?
On nous confirme que dans le second degré la prise en charge de la pause méridienne restera sous le statut de l’Éducation nationale.
Depuis la décision du Conseil d’État, la MDPH ne peut plus notifier l’accompagnement sur le temps périscolaire, elle ne peut que préconiser un accompagnement. La mairie n’est donc pas obligée de faire accompagner l’élève.
Remplacements
Nous soulevons le problème des AESH non remplacé·es lorsqu’iels sont en arrêt. Ce fonctionnement est délétère pour les élèves. Il entraîne du saupoudrage lorsque les autres AESH de l’établissement prennent en partie le relais en laissant leurs propres élèves.
Iels n’ont pas de solution. Iels n’ont pas le droit de recruter de contractuel·les pour des périodes courtes. Pas possible non plus d’augmenter momentanément les quotités horaires des autres AESH à cause d’une trop lourde gestion administrative.
Arrêts maladie
Nous soulevons le problème des arrêts maladies et des trop-perçus qui doivent ensuite être remboursés pour les AESH rectorat. Le rectorat continue à verser le salaire lors de l’arrêt mais l’agent touche également les indemnités journalières. Il faut ensuite rembourser le trop-perçu de salaire.
Mme Le Bihan nous précise que 60-70€ maximum peuvent être prélevés sur le salaire par mois. Cela entraîne des problèmes pour les déclarations à la CAF pour le calcul de la prime d’activité également.
Pour les AESH Thépot, la rémunération continue d’être versée également, mais les indemnités journalières sont ensuite versées directement à l’EPLE et non à l’agent qui n’a donc rien à rembourser.
Cela vient d’une différence de système de paye. Il y a un groupe de travail au rectorat sur le sujet. Le rectorat essaye de prévenir en amont de la somme qu’il faudra rembourser.
Grille indiciaire
Pour finir nous relevons des problèmes sur l’application de la nouvelle grille indiciaire et notamment les mises à jour d’échelon lorsque le changement d’échelon a eu lieu après la mise en place de la grille. Au téléphone, la gestionnaire de paie répond qu’elle n’a pas le temps.
Iels ne sont pas étonné·es du problème mais ne proposent aucune solution.
Discours et assistantes sociales
Mme Baggio finit par un discours sur le fait que tout ne va pas changer demain mais que le Finistère est un département qui se démarque. Elle précise qu’elle est en demande de RDV avec nous, en dehors des journées de mobilisation nationale. Elle admet que notre salaire ne nous permet pas de vivre mais de survivre. Iels nous respectent, iels veulent nous aider et s’améliorer grâce à nous (les syndicats).
Enfin, elle nous précise l’existence d’assistantes sociales : Mme Mevel (pour le Nord) et Mme Dieppedale (pour le Sud). La commission d’action sociale est sensible aux dossiers d’AESH qui représentent 80% des dossiers. Mais l’enveloppe financière n’est pas énorme. Se rapprocher d’elles lorsqu’il y a de gros problèmes financiers (ex : achat d’une voiture, de gros électroménager).
Pour info : Maryse MEVEL : 06 34 42 74 44, maryse.mevel@ac-rennes.fr > secteur Finistère Nord (Brest, Landerneau, Landivisiau, Morlaix) Sylvie DIEPPEDALLE : 02 98 98 98 70, sylvie.dieppedalle@ac-rennes.fr > secteur Finistère Sud (Crozon, Carhaix, Châteaulin, Pont-Labbé, Quimper, Quimperlé) |
Compte-rendu rédigé par S. Du Bosq
Mise à jour - 04/05/2022 : un compte-rendu intersyndical est également disponible.