La CGT dans les instances 1er degré 2nd degré

 Déclaration liminaire CTSD, 22 novembre 2022

 

Lors de sa prise de poste en mai 2022, notre ministre Pap Ndiaye a fait plusieurs constats, notamment celui mettant en avant la fatigue des professeurs. Fatigue morale, fatigue physique, fatigue qui s’accumule sur plusieurs années et qui est liée à la réalité du terrain. Le terrain où les missions des PE s’accumulent et où le manque de considération générale démotive et nous détourne de notre mission première : faire acquérir aux élèves des savoirs émancipateurs.
Si notre métier était si attractif, les dates d’inscription au CRPE ne seraient pas reculées par manque de candidat·es, tous les élèves auraient face à eux un·e enseignant·e qualifié·e, il n’y aurait pas de manque de remplaçant·es, on ne ferait pas appel à des contractuel·les sous-payé·es que l’on dépose sur le terrain qu’après quelques jours de formation. Ces contractuel·les qui sont les nouvelles victimes des manquements de l’institution en termes de recrutement, qui sont remplis de bonne volonté mais qui découvrent la difficile réalité du terrain. Si notre métier était aussi attractif, le chiffre des démissions dans l’Éducation Nationale n’augmenterait pas ces dernières années.
Combien d’enseignant·es formé·es et qualifié·es sont en disponibilité et attendent une réintégration dans le département ? Le mouvement inter-départemental commence et les enseignants souhaitant intégrer ou réintégrer le département pour éviter d’entretenir des situations familiales catastrophiques baissent les bras car le barème de réintégration augmente de plus en plus d’années en années, faisant oublier l’espoir d’enseigner près de chez soi.
Notre service public garantit la scolarisation de tous les élèves déclarés en situation de handicap par la MDPH, mais là encore la réalité du terrain montre des situations douloureuses pour les élèves concernés en premier lieu, pour lesquels une notification d’AESH n’est pas honorée par manque de recrutement, de budget, par manque de prise en charge adaptée car les listes d’attente pour les DITEP, les IME, les CMPP ou encore les SESSAD ne cessent d’augmenter. Les PIAL sont débordés, les enseignant·es référent·es ont des centaines de dossiers à gérer et les équipes enseignantes tentent, encore, tous les jours, de garantir un enseignement de qualité à tous les élèves. Les tournées que nous avons effectuées dans les écoles finistériennes depuis plusieurs mois nous ont permis de prendre encore plus conscience de l’état d’épuisement des collègues. Tou·tes celles qui ne contactent jamais un syndicat mais qui lorsqu’on vient à leur rencontre éprouvent la nécessité de vider leur sac, de lancer des appels à l’aide. Fermetures de classe qui détériorent les conditions de travail ; accueil d’élèves en situation de handicap qui devraient être en ULIS mais ne le sont pas car il n’y a pas de place ; écoles orphelines qui ne bénéficient d’aucun moyen de l’éducation prioritaire du fait d’un découpage qui évite aux collectivités territoriales de dépenser de l’argent au détriment des citoyen·nes du territoire…
Bref…le bilan de la rentrée 2022 est loin d’être positif !
Malheureusement, la situation dans le second degré n’est pas meilleure !
Tou.tes les élèves sont loin d’avoir leurs enseignant.es face à elleux. Et que dire des TZR pour qui l’instabilité s’est encore accrue avec le renversement des règles du mouvement ? Et les collègues contractuel·les qui se retrouvent à travailler sur parfois 3 établissements éloignés de plus de 50 km ?
Mais après tout…puisque notre ministre considère qu’enseignant·e c’est finalement un boulot qu’on peut faire comme ça en passant durant une petite dizaine d’années au cours d’une vie professionnelle, puisque lui-même considère que ce n’est pas un métier digne d’être exercé une vie durant, ce n’est pas étonnant qu’il en soit rendu à faire des vidéos de recrutement ! Et puis dans la même optique pourquoi investir durablement dans l’éducation, dans l’avenir des jeunes de notre pays ? Le patronat peut bien se charger de celleux des classes populaires et les plus aisé·es se formeront à l’école alsacienne.
Pour la CGT Educ’action, l’école doit être factrice d’émancipation pour toutes et tous. C’est pour cela que nous réclamons un plan d’urgence pour l’EN et l’abandon immédiat des réformes et notamment celle du Lycée professionnel.