Formation spécialisée : la déclaration de la CGT Educ’action

 

Déclaration de la CGT Educ’action Bretagne à la Formation spécialisée académique en matière de santé, sécurité et de conditions de travail du 1er juin 2023

Cette instance se réunit quelques jours avant une nouvelle journée unitaire interprofessionnelle contre le projet de réforme des retraites.
Et les salarié·es qui seront parmi les premières pénalisées par cette réforme ce sont les femmes.
C’est dire si cette réforme aura un impact important dans notre ministère. En effet, les femmes représentent 73% des personnels de l’Education Nationale et y occupent la plupart des emplois précaires. Elles subissent le plus les carrières hachées et les temps partiels (notamment les AESH), elles seront donc particulièrement impactées par la réforme des retraites et par les décotes. Dans l’Éducation nationale,
• la pension moyenne pour les retraitées parties en 2021 est de 13 % plus faibles que celles des hommes.
• la rémunération d’une femme est globalement 15% inférieure à celle d’un homme, et cette différence se creuse après 20 ans de carrière. L’écart peut ainsi atteindre 350€ en faveur des hommes chez les personnels administratifs, sociaux et de santé, et ITRF de catégorie A.
L’égalité salariale reste donc bien un enjeu de justice sociale et permettre l’égalité des salaires Femmes/Hommes est un des leviers d’action pour le financement pérenne des retraites.

L’état de santé des personnels de l’Éducation nationale est principalement rendu public par les études de chercheur·euses. Les études révèlent une tendance à la dégradation de l’état de santé des personnels de l’Éducation nationale sur plusieurs niveaux : l’intégrité physique, physiologique ou psychique. Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont détectés chez l’ensemble des personnels, mais aggravés dans des fonctions comme celles des AESH et les personnels administratifs et techniques. Les atteintes les plus fréquentes chez les enseignant·es sont les troubles de l’audition et ceux liés à la voix.

Au niveau psychique, on constate une augmentation rapide du nombre d’agent·es touché·es par un syndrome d’épuisement professionnel. L’institution commence à peine à prendre la mesure des risques psycho-sociaux en tant que risques professionnels qui sont en explosion, notamment chez les personnels sociaux et de santé, de vie scolaire, d’accompagnement ou d’encadrement.

Par ailleurs, l’augmentation des effectifs d’élèves, l’utilisation d’outils numériques toujours plus nombreux, voire le développement du télétravail, ont tendance à augmenter considérablement le temps de travail et empiéter sur la sphère privée.

La perte de sens du métier est aussi très fortement exprimée par les collègues : injonctions issues de réformes ou réorganisations de services qui s’imposent aux personnels sans concertation et méthodes managériales qui ne font pas sens. Les personnels se trouvent dans une situation de conflit de valeurs, s’exécutent tout en étant en désaccord, conscients qu’ils·elles n’ont pas les moyens de travailler correctement.
A ce titre, concernant la voie professionnelle, les mesures annoncées par le Président, le 4 mai, ont profondément heurté et atteint les collègues de lycées professionnels. Elles ont été renchéries quelques jours plus tard par les interventions confuses du Ministre Pap Ndiaye qui annonçait une carte des formations fortement revue pour la rentrée 2023 avec des fermetures de « filières » et des reconversions de PLP vers les collèges ou le premier degré. Ces propos ont alarmé les PLP notamment de la filière tertiaire encore une fois visée spécifiquement. Pire, par le contenu des missions lié au Pacte PLP, nous assistons au risque de transfert de nos métiers et de notre statut d’enseignant·es vers « formateur ». N’y a-t-il pas une contradiction entre la mise en avant de la qualité de vie au travail, de l’amélioration des conditions de travail, du respect des missions des enseignant·es et le mépris affiché par notre gouvernement ?

Autre exemple, l’inclusion scolaire est mise en place sans réel moyen et dégrade considérablement les conditions de travail de toutes et tous. Cette absence de moyens, au-delà du mensonge qu’elle constitue vis-à-vis des parents et de leurs enfants, impacte aussi le sens du métier pour bon nombre de collègues.
Les nombreux arrêts maladie, accidents de travail, reconnaissances d’inaptitude et d’invalidité témoignent des dommages sur la santé. Un·e enseignant·e sur trois est placé·e en arrêt maladie au cours de l’année scolaire, les agent·es sont également deux sur trois à travailler alors qu’ils·elles sont malades, renforçant le risque d’épuisement professionnel. Dans ce contexte, travailler au moins deux ans de plus, pour beaucoup de nos collègues, c’est non !

De plus, l’Éducation nationale ne développe aucune culture de la santé au travail. L’exemple le plus flagrant étant l’absence totale de suivi médical des personnels et la carence criante du nombre de médecins et d’infirmier·eres.

Le plan d’action du ministère pour l’égalité professionnelle qui se décline dans chaque académie prévoit de mettre en place des dispositifs pour prévenir et traiter les discriminations, les actes de violence dont les violences sexuelles et sexistes, les situations de harcèlement moral ou sexuel, ainsi que les agissements sexistes. La mesure des Violences Sexistes et Sexuelles est balbutiante et insuffisante tant notre société reste conditionnée par la culture du viol et le patriarcat qui génèrent ces violences. La CGT Éduc’action condamne avec la plus grande fermeté toute forme de VSS et se félicite de la déclinaison des référent·es VSS dans les départements de notre académie.

Au-delà de la santé, la CGT revendique depuis ses origines la conquête d’un bien-être fondamentalement déterminé par une organisation économique et sociale de la société débarrassée du capitalisme. Le droit à la santé suppose, pour chacun·e, et collectivement, d’obtenir les moyens d’imposer des choix et de construire sa santé, c’est-à-dire garantir son bien-être physique, psychique et social. La CGT Éduc’action Bretagne portera dans cette instance la voix des collègues des établissements et des services sur ces thèmes. Pour la CGT Éduc’action, la conquête des droits nouveaux pour la santé des salarié·es se fera également par la lutte de l’ensemble des personnels.