Minute de silence : oui...en hommage à Christine Renon
Non la CGT éduc’action ne rendra pas hommage à Jacques Chirac. Les militantes et les militants préfèrent saluer la mémoire de Christine Renon.
La profusion des déclarations, communiqués et reportages apologétiques, qui peignent l’ancien Président de la république en champion de la lutte contre la pauvreté, de l’amitié entre les peuples et de la défense des « valeurs de la république », a de quoi donner la nausée.
La CGT éduc’action se souvient des affaires (emplois fictifs, marchés publics, HLM, faux électeurs, frais de bouche, voyages, etc.), de la reprise des essais nucléaires en 1995, aberration écologique, du massacre de la grotte d’Ouvéa, en mai 1988, au cours duquel 19 indépendantistes kanaks furent tués lors d’un sanglant assaut ordonné par Jacques Chirac, alors Premier ministre, des déclarations de Chirac, le 19 juin 1991, sur « le bruit et l’odeur » des étrangers reprise des thématiques les plus nauséabondes du Front national…
Jacques Chirac a aussi entretenu des réseaux de la Françafrique, illustrée notamment par ses belles amitiés avec les dictateurs Omar Bongo, Blaise Compaoré ou Denis Sassou Nguesso.
Les politiques menées ont été largement favorables aux ultra-riches (privatisations de 65 groupes industriels et financiers et suppression de l’ISF en 1986…) et destructrices pour les salarié-e-s (suppression de l’autorisation administrative de licenciement en 1986, plan Juppé de 1995, réforme des retraites en 2003, suppression d’un jour férié en 2004…).
Sous Jacques Chirac, les ministres de l’Intérieur, Charles Pasqua, Jean-Louis Debré, Nicolas Sarkozy, ont pratiqué des politiques répressives : sort réservé aux sans-papiers de Saint-Bernard en 1996, assassinat de Malik Oussekine en 1986…
Triste époque que celle où le suicide d’une enseignante, Directrice d’école, est en passe d’être effacé de la mémoire collective, enseveli par les hommages à un Président dont le gouvernement a porté, en son temps, des coups féroces à l’institution scolaire.
Monsieur Blanquer serait bien inspiré de substituer aux hommages dont il impose le rituel à tous les fonctionnaires de l’Education Nationale lundi 30 septembre, un hommage national à Christine RENON, directrice d’école, épuisée, qui a mis fin à ses jours en début de semaine dernière, sur son lieu de travail.
La lettre testamentaire qu’elle a laissée s’adresse en effet à lui, puisqu’il est responsable, en tant qu’employeur de tous les fonctionnaires de l’Education Nationale, de ses conditions de travail. Or c’est bien le surtravail de Christine RENON, sa solitude professionnelle, et finalement l’impossibilité dans laquelle l’a placée son Ministère de faire le travail qu’elle aimait, conformément à son éthique, qui l’ont amené à faire ce choix dramatique.
Ce lundi 30 septembre, c’est donc à Christine RENON que la CGT rendra hommage. Travailleuse de l’ombre, aimant son métier, et l’ayant exercé jusqu’au bout du bout, à l’image de tous les enseignants qui vivent des situations semblables, dans cette période de réformes qui accélèrent la disparition de leurs métiers, et accomplissent leur sacrifice sur l’autel de la rigueur budgétaire. Pour que vive le souvenir de Christine RENON, par-delà les tentatives de l’enfouir.